Lynne Cohen Usine, 1994, épreuve à la gélatine argentique, 111cm x 129cm, courtoisie in situ
Cette photographie en noir et blanc de Lynne Cohen fut créée en 1994 pour son exposition intitulée Le no man's land. Celle-ci présente l'intérieur d'une usine à fabrication de mannequins. Toutefois, l'expression faciale des mannequins sort de l'ordinaire en étant celle d'un sommeil profond. Malgré l'absence d'humains dans cette oeuvre, fortes sont les chances qu'un être humain l'observant se sente concerné, voir même provoqué, par celle-ci. En effet, un certain effet de déshumanisation s'en dégage par une désindividualisation de l'humain dans sa représentation homogène et par une froideur en raison de l'absence de couleurs. De plus, l'état de sommeil provocateur des mannequins ainsi que la lumière aveuglante présentée semblent envoyer comme message qu'il est le temps de se réveiller! Se réveiller? Selon moi, Lynne Cohen dénonce le moule monolithique de la société qui détruit la différence, qui limite l'art, qui mène à la déshumanisation. De plus, en présentant les mannequins comme étant démembrés, celle-ci soulève une certaine impuissance de l'homme par rapport à cette société dans laquelle l'humain est immergé sans en avoir le choix. Autrement dit, cette photographie d'un lieu, qui semble pourtant être relativement réaliste, vient provoquer directement celui qui la contemple par le sentiment d'une absence de liberté préoccupante.